La prostitution, souvent considérée comme le plus vieux métier du monde, a toujours existé dans chaque société à travers les âges. Les maisons de tolérance, autrement appelées bordels ou maisons closes, ont été des lieux emblématiques de ce métier. En France et particulièrement à Paris, l’histoire de ces établissements est riche et complexe, marquée par des scandales, une réglementation fluctuante et un héritage culturel fort.
Table des matières
Origines des bordels en occident
De Babylone à la Grèce antique
La pratique de la prostitution est très ancienne. Déjà présente à Babylone et chez les hétaïres de la Grèce antique, c’est une activité qui a traversé les siècles. Toutefois, l’idée de regrouper plusieurs prostituées sous un même toit pour offrir leurs services est apparue plus tardivement. Les premiers établissements ressemblant aux bordels que nous connaissons aujourd’hui voient le jour dans l’empire romain.
L’apparition des lupanars romains
Durant l’Antiquité romaine apparaissent les « lupanars », premières structures organisées de maisons closes. Ces endroits sont destinés au plaisir masculin avec une organisation commerciale bien structurée : les esclaves sexuels y travaillent sous la supervision d’une matrone.
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Les Romains
Après cette brève incursion dans l’Antiquité, penchons-nous sur la situation des maisons closes durant le Moyen Âge.
Les maisons closes au Moyen Âge
Le statut fluctuant de la prostitution
Au Moyen Âge, la prostitution est d’abord tolérée puis réglementée par l’église et l’état. Les « bordels », comme ils sont alors appelés, se voient attribuer certaines zones des villes où leur présence est autorisée.
Les « bordels » médiévaux
C’est à cette époque que les bordels commencent à ressembler à ce que nous connaissons aujourd’hui. Ils sont tenus par des femmes appelées « maquerelles », qui emploient des prostituées enregistrées auprès des autorités. Ces établissements sont soumis à une réglementation stricte, tant en termes de santé publique que de comportement moral.
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Histoire du Moyen-Âge
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Nouvelle Histoire du Moyen Âge
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Pour en finir avec le Moyen Age (Histoire)
Nous allons maintenant examiner comment ces structures ont évolué pendant le Premier Empire.
L’évolution sous le Premier Empire
L’âge d’or des maisons de tolérance
Entre 1830 et 1930, la France entre dans ce qu’on pourrait appeler l’âge d’or des maisons de tolérance. Le système réglementariste vise alors à contrôler l’activité prostitutionnelle dans divers quartiers de Paris comme Belleville, Montmartre ou la Chapelle.
Le rôle des médecins
En 1836, le médecin Parent-Duchatelet identifie et décrit la prostitution dans son ouvrage. Il met en évidence une classification entre « les filles de carte », prostituées enregistrées et contrôlées médicalement, et les « insoumises », qui exercent clandestinement.
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Après ce rapide panorama du Premier Empire, intéressons-nous à une période plus scandaleuse : le XIXe siècle.
Secrets et scandales du XIXe siècle
L’image glamour des maisons closes
Durant le XIXe siècle, malgré leur association avec des pratiques parfois douteuses, les maisons closes jouissent d’une image assez glamour grâce à certaines figures emblématiques de la prostitution comme Valtesse de la Bigne. Ces femmes inspireront des artistes tels que Émile Zola pour ses personnages littéraires.
Les bordels dans l’art et la culture
C’est durant cette période que le rôle des bordels dans la culture et l’art se fait plus prégnant. On note alors une complexité morale et sociale associée à la prostitution qui alimente les débats.
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L'Assommoir
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Germinal
Le XXe siècle marquera toutefois la fin d’une époque avec l’interdiction des maisons closes à Paris.
La fin des maisons closes à Paris
L’influence de Marthe Richard
Sous l’impulsion de Marthe Richard, ancienne prostituée et résistante, la loi 46-685 est votée le 13 avril 1946. Cette loi marque la fin des maisons closes en France, transformant profondément la vie urbaine parisienne.
Les conséquences de l’interdiction
L’interdiction des bordels ne met cependant pas fin à la prostitution. Au contraire, elle se déplace vers la clandestinité, avec tous les problèmes que cela engendre en termes de santé publique et d’exploitation.
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Marthe Richard ou les beaux mensonges
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Marthe Richard: L'aventurière des maisons closes
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Marthe Richard
Le dernier point que nous aborderons concerne l’héritage et la mémoire des maisons closes.
L’héritage et la mémoire des lieux
Une empreinte culturelle profonde
Aujourd’hui, même si les bordels ont disparu du paysage urbain français, leur mémoire reste vive. Leur impact sur le tissu social du XIXe et XXe siècle est indéniable. Ces lieux ont marqué leur temps par leur influence sur le monde du spectacle, de l’art et de la littérature.
Au-delà du tabou : une réflexion nécessaire
Le thème des bordels d’antan continue de susciter intérêt et débats. La prostitution, les maisons closes et leur impact sur la société constituent des sujets complexes, qui interrogent toujours notre rapport à la morale, à la liberté individuelle et au rôle des femmes dans la société.
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Histoire des Bordelais (2 volumes)
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Histoire de la vigne et du vin en France. Des origines au XIXè siècle
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Une sacrée envie de foutre le bordel: Entretiens avec Jean-Louis Missika
En guise de clôture, rappelons-nous que les maisons closes ont été bien plus que de simples lieux de débauche. Elles ont été le reflet d’une époque, avec ses contradictions, ses débats sociétaux et sa richesse culturelle. Leur histoire reste une source précieuse pour comprendre l’évolution de nos sociétés occidentales.